Chants sacrés

Lors des messes, de nombreux fidèles chantent en provençal les chants sacrés traditionnels.
Parmi ceux-ci, les plus chantés sont ceux ci-dessous, avec leurs traduction en français.

GRAND SANT RO.

Retintoun 

Grand Sant Ro, d’eilamoundaut
Gardo-nous de mort funèsto
Emai de la pèsto,
Dou pecat mourtau. (Bis)

I-Sant-Roumié t’enausso en glóri
Au gai quartié di Jardin,
Li païsan te fan bèu flòri
De Cant e de tambourin

II – D’uno ilustro e noblo femo,
D’uno santo siés lou fiéu!
Per t’avé, quant de lagremo
Escampéron davans Dieu!

III – Estent à la flour de l’age,
Vas à Roumo pelerin ;
Di malaut, sus toun passage,
Siés l’ami, lou médecin.

IV- Tu, pèr la vertu celèsto,
D’un soulet signe de crous,
Fas fugi li fléu, la pèsto,
E garisses li febrous.

V- Mai en vilo de Plasènço
Que t’arribo, o Sant Ro?
Dins ta cambo la soufrènço
D’escoundoun planto soun cro.

VI – E dins la fourèst vesino
Te tirasses, mort de fam!
Mai un chin, bounta divino!
Chasque jour, t’adus toun pan.

GRAND SAINT ROCH

Refrain

Grand Saint Roch de tout la haut,
Garde-nous de mort funeste,
Mais aussi de la peste,
Et du pêché mortel…

Saint Rémy t’exauce et te glorifie,
Au gai quartier des jardins,
Les paysans te fleurissent,
De chants et de tambourins…

D’une illustre et noble femme,
D’une Sainte tu es le fils!
Pour t’avoir, combien de larmes,
Ils répandirent devant Dieu…

Dans la fleur de l’âge,
Tu vas à Rome en pèlerinage,
Des malades durant ton voyage,
Tu es l’ami, le médecin…

Toi, pour la vertu céleste,
D’un seul signe de croix,
Tu fais fuir les fléaux, la peste,
Et tu guéris les fiévreux…

Mais à la ville de Plaisance,
Que t’arrive-t-il, ô Saint Roch?

Dans ta jambe, la souffrance,
En cachette, plante son croc…

Et dans la forêt voisine,
Tu te retires, mort de faim,
Mais un chien, bonté divine,
Chaque jour t’apporte ton pain…

COUPO SANTO

Prouvençau, veici la Coupo
Que nous vèn di Catalan ;
A-de-rèng beguen en troupo
Lou vin pur de noste plant.

Retintoun

Coupo Santo
E versanto
Vuejo à plen bord
Vuejo abord
Lis estrambord
E l’enavans di fort!

Retintoun

D’un vièi pople fier e libre
Sian bessai la finicioun;
E, se toumbon li Felibre
Toumbara nosto nacioun.

Retintoun

Sabouran

Pèr la glòri dóu terraire
Vautre enfin que sias counsènt
Catalan, de liuen, o fraire,
Coumunien tóutis ensèn!

Gramaci de pas pica di man

LA SAINTE COUPE

Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru.

Refrain

Coupe sainte
Et débordante
Verse à pleins bords
Verse à flots
Les enthousiasmes
Et l’énergie des forts !

Refrain

D’un ancien peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin;
Et si les Félibres tombent
Tombera notre nation.

Refrain

On se lève

Pour la gloire du pays
Vous enfin nos complices
Catalans, de loin, ô frères.
Tous ensemble, communions!

Merci de ne pas applaudir.

Sculpteur : Louis Guillaume Fulconis – 1867 – Argent – 16,5 cm de haut
« D’or à quatre pals de gueules »
C’est ainsi qu’est décrit le drapeau traditionnel de la Provence.
Le jaune étant l’or, les bandes rouges les « pals de gueules »

Histoire de la Coupo

En 1867, le Catalan Victor Balaguer est exilé de son pays, les Félibres l’accueillent comme un frère. Son exil est de courte durée ; il peur quelques mois plus tard, retourner en Espagne. En reconnaissance de l’hospitalité provençale, Victor Balaguer offre une coupe aux Félibres.

Elle inspire Frédéric Mistral qui écrit, en 1867, ce qui deviendra l’hymne du Félibrige: Coupo santo. La musique est un chant de Noël de Nicolas Saboly, composé au XVII ème siècle. La coupe des Catalans, c’est le Saint Graal du Félibrige ! C’est le capoulié, ou grand maître du Félibrige, qui en a la garde. Chaque année, il la sort le jour de la Santo Estello. Il y verse su vin (Châteauneuf du Pape), chante l’hymne dont l’assemblée reprend le refrain, puis la sainte coupe passe de main en main pour la communion félibréenne.

La coupe est la création de l’avignonnais Fulconis; les deux femmes représentent la Provence et la Catalogne. Cette union entre Catalans et Provençaux se retrouve aussi dans les couleurs du drapeau d’or et de gueules.

Frédéric Mistral dans son discours de Saint Rémy en 1868 lèvera la coupe en disant : « Brinde : A la Catalougno, nostro sorre ! à l’Espagno, nostro amigo ! à la Franço, nostro maire ! ». Je bois : à la Catalogne, notre sœur ! à l’Espagne, notre amie ! à la France, notre mère !