HISTORIQUE DE LA CHAPELLE

Jean Delrieux

Au premier plan, à droite la boîte aux lettres, installée en 1877, le facteur la montre fièrement. Deux enfants, deux filles semble-t-il, participent à cette naïve mise en scène. Devant le porche, le curé, en tenue « traditionnelle » « sacralise » l’événement.

La chapelle

C’est au plus fort de la peste, le 27 octobre 1650, que les édiles de la Communauté saint-rémoise firent vœu « d’ériger, à quelque endroit proche la ville, une chapelle à l’honneur de Saint-Roch ». La construction qui démarra aussitôt au quartier du Château, fut abandonnée dès que l’épidémie eût disparu.

Lorsque survint la peste de 1721, il ne restait pratiquement aucun lieu de culte à Saint Roch. C’est alors que les habitants du quartier des Jardins « empruntèrent » à ceux du quartier du Grès une statue de Saint-Roch et lui construisirent une chapelle, à l’emplacement actuel.

Le 16 février 1723, le Corps des jardiniers créa une fondation avec dotation de 40 livres par an pour en assurer le service. L’acte en indique les dimensions : 36 pans de long par 20 pans de large (environ 9 m X 5 m). La chapelle traverse la Révolution sans encombre et de nombreux achats de terrains (1807, 1821, 1850, 1856, l879…) permettent son agrandissement et son embellissement. En 1879, le Président de la « Société de Saint Roch » vend la sacristie à la Municipalité pour permettre l’agrandissement de la « petite route d’Ayragues ». En 1903, Mme Veuve Mistral-Bemard fait construire le clocher.

Les habitants des Jardins élisent régulièrement les prieurs et prieuresses de la « Confrérie de Saint Roch » et se chargent des travaux d’entretien. Un important programme de restauration a été entrepris voici plusieurs années, aidé par la Municipalité, le Conseil général et le Conseil régional.

Deux fêtes sont régulièrement célébrées dans la chapelle : le 1er mai, l’anniversaire de sa consécration (1er mai 1723) et le 16 août, celle de Saint Roch.

Il n’existe aucune représentation de la chapelle dans son état initial. On sait toutefois qu’à l’origine le bâtiment était constitué par ce qui est le transept actuel.

Photo ci-dessus on distingue l’ancienne sacristie, à droite, en arrière-plan, rasée en 1879. Les tuiles de la toiture sont à la romaine, plus tard, photo suivante, elles seront plates.

En 1807, agrandissement de la chapelle initiale ; elle fut ornée d’un clocheton et d’une cloche.

La nouvelle statue de Saint Roch

Le clocher & La Statue

En 1903 on ajouta un clocher imposant, au nord de l’édifice. Cloche et clocheton furent remplacés par une statue représentant Saint Roch, qui veilla désormais sur l’entrée de la chapelle.

Or la statue fut fabriquée avec de la chaux, les intempéries et le temps fragilisèrent la représentation du Saint tutélaire. En 1968 on y repéra de profondes fissures et des frelons qui avaient installé leur essaim.

Les pompiers furent dépêchés sur place et « firent grand ravage » des hyménoptères, et redescendirent la statue fendue.

La Providence fit qu’un ami belge de M. Marius Féraud proposa de sculpter une nouvelle représentation de Sant Ro, en pierre, cette fois.

L’affaire fut rondement menée et le 1e mai 1969, elle fut bénie par M. le curé Linsolas. Quelque temps plus tard, elle prit sa place tout en haut au-dessus du porche, en majesté et placée sous la protection de la croix.

Le 16 août 1969 Elle fut consacrée en présence de son auteur, le statuaire, M. Roland Coulon.

La toile

Il s’agit d’une grande toile (4 m 88 de haut, 3 m 16 de large, sans le cadre d’une largeur de 17,5 cm) représentant le Christ dans la montée au Calvaire, accrochée dans la chapelle du transept gauche. En dépit d’un éclairage inapproprié, la facture de cette toile, la mise en scène des personnages disposés selon une perspective ascensionnelle très forte, l’éclat et l’harmonie des coloris nous ont immédiatement fait penser à une œuvre de Rubens. Mais encore fallait-il s’en assurer. Un dossier photographique a donc été constitué pour faciliter l’identification de l’œuvre.

Au vu de ces documents, le Département des peintures du Musée du Louvre a tout de suite retrouvé qu’il s’agissait bien d’une copie d’une toile de Rubens actuellement au Musée royal des beaux-arts de Belgique, effectuée par Emile Auben Lessore en 1858 : « La montée au calvaire » (dimensions : 5 m 69 sur 3 m 55), peinte pour le maître-autel de l’Abbaye d’Affligen, Hekelgem, sous un titre originel différent : « Le portement de croix ». Elle fut « extraite », selon le vocabulaire en vigueur à l’époque, de l’Église des Augustins d’Anvers où elle se trouvait alors, par les équipes de Vivant-Denon, Directeur général des musées, pour prendre place parmi tant d’autres chefs d’œuvre dans les collections du Musée Napoléon.

En 1869, l’Empereur Napoléon, par l’entremise de son Ministère d’État, fit don de cette copie à la Chapelle Saint Roch.

Depuis cette date, la toile et restée accrochée dans la chapelle, s’enfonçant peu à peu dans l’oubli, assombrie, ternie par la poussière qui s’est déposée sur elle au fil des ans, déchirée par endroits, jusqu’au jour où l’Association du Glorieux Saint Roch, dans le cadre des travaux conduits à l’intérieur de la chapelle, décide de la faire restaurer.

Après examen des différentes proposition reçues, c’est l’École de restauration de Chateaurenard qui est chargée du travail ; celuici-va être effectué sur place, la toile n’ayant pu être sortie du fait de ses dimensions. La restauration a duré une vingtaine de jours au début de l’année 2000, et sous la direction de M. Guy Liébeaux, quatre jeunes restaurateurs stagiaires vont dépoussiérer, poser des pièces de renfort au revers, mastique les lacunes, enlever les anciens repeints, alléger les vieux vernis, revenir en satiné, traiter le châssis, en un mot redonner à la toile toute sa magnificence. Elle orne donc toujours magestueusement la paroi du transept gauche de la chapelle.